Philippe Vigier

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Pour une entreprise qui prenne ses responsabilités face aux aléas économiques ! par Philippe Vigier

Pour faire face à une baisse du carnet de commande, à une rupture technologique ou à la concurrence mondiale, des entreprises sont parfois contraintes de procéder à des licenciements collectifs qui peuvent être massifs. Le territoire qu’elles quittent peut alors s’en trouver meurtri et exsangue. Les conventions de revitalisation qui suivent ces licenciements collectifs constituent par conséquent un tournant qu’il est impératif de bien aborder, que ce soit pour les hommes et les femmes concernées, pour l’entreprise et le bassin d’emploi. Philippe Vigier revient sur un sujet qui touche tous les territoires, toutes les entreprises quelles que soient leur taille.

En quoi consiste un plan de revitalisation ?


Chaque fermeture d’entreprise, qu’elle soit partielle ou totale, est toujours vécue comme un drame. En effet, les licenciements collectifs précipitent des hommes et des femmes dans l’impasse et mettent à mal le dynamisme économique du bassin d’emploi. Pourtant, il n’y a pas de fatalité. Lorsque les restructurations des entreprises impactent gravement l’économie d’un territoire, elles ont pour obligation de contribuer à la création de nouvelles activités, afin de recréer autant d’emploi qu’elles n’en ont supprimés. Cela se fait par le biais d’une convention dite de revitalisation conclue entre l’État et l’entreprise, qui permet d’indemniser les salariés concernés, mais aussi de mettre en place des mesures d’accompagnement pour les aider à rechercher un emploi, à créer ou à reprendre des entreprises, à se former pour un autre emploi. Cela permet aussi de faire de la prospective pour la création de nouvelles entreprises ou filières, de lancer des aides à la création d’emplois et de financer la création de nouvelles entreprises.

Vous avez-vous-même été confronté à cette situation dans votre circonscription ?


Le sud de l’Eure-et-Loir est un territoire rural qui a vécu deux vraies épreuves, en particulier avec la fermeture de Flextronics à Châteaudun et celle d’Ethicon à Auneau, qui concernaient 800 emplois au total. Nous avons mise en place un comité de revitalisation que j’ai piloté avec le Préfet, dans lequel la région, le département, les chambres consulaires, les collecti- vités concernées et les organismes qui aident à la création d’emplois travaillaient ensemble. Nous avons créé 365 emplois en 3 ans avec le premier plan et 325 en 4 ans avec le second. Des obstacles existent : tout d’abord, les personnes concernées ont souvent la culture des très grandes entreprises, et non pas des TPE- PME et des PMI. Ensuite, la formation est souvent mal répartie sur le territoire et peu adaptée aux contraintes personnelles des personnes qui vivent ce bouleverse- ment et cette reconversion.

En quoi bien négocier cette étape est important pour une entreprise ?

Tout d’abord, parce qu’il s’agit d’un enjeu vital pour l’image de l’entreprise, qui doit comprendre qu’elle est un acteur du terri- toire à part entière, en particulier dans les zones rurales ou périphériques. Entre les personnes qui y travaillent, ses sous-trai- tants et les activités qu’elle génère, l’entreprise est parfois le véritable centre de gravité d’un bassin d’emplois. Sa fermeture ne peut donc être acceptée que si elle prend ses responsabilités, ce qui n’est pas toujours le cas. Ensuite parce que cela permettra une meilleure acceptation de la réalité de la vie des entreprises. Les habitants d’un territoire peuvent comprendre qu’une entreprise doive fermer ou partir mais n’acceptent pas les délocalisations sauvages. Une entreprise qui prend réellement ses responsabilités en cas de fermeture d’une usine participera à une meilleure accep- tation de la situation et par conséquent à une meilleure compréhension des enjeux liés à la vie économique et ses aléas.

Comment améliorer ces proces- sus de plans de revitalisation ?

Il convient tout d’abord de tout faire pour les éviter ! Pour cela, il serait vain d’interdire les licenciements comme le préconisait Arnaud Montebourg ! En effet, les licenciements collectifs sont la conséquence d’évolutions de l’économie au niveau mondial, et rarement d’erreurs stratégiques de la direction l’entreprise. Il faut donc mieux appréhender les mutations économiques, booster notre compétitivité, en baissant le coût du travail et soutenir d’avantage l’exportation. Il faut aussi renforcer la sécurité juridique et fiscale, mettre fin à l’avalanche de normes et travailler à une harmonisation fiscale européenne. En ce qui concerne les décisions de gestion des entreprises, il faut donner à l’Etat les moyens de faire en sorte que l’entreprise propose un plan de revitalisation à la hauteur des dégâts causés par son départ. Enfin, les plans de revitalisations sont de qualité inégale, en raison des cabinets qui accompagnent ces restructurations : leurs honoraires sont parfois très élevés pour un accompagnement humain faible. Il faudrait donc qu’un agrément leur soit donné chaque année par un organisme certifié indépendant.

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Petit-déjeuner GEEA autour de Gilles Pelisson, PDG de TF1

EN PRÉSENCE D'OLIVIER DASSAULT, JEAN-MICHEL FOURGOUS, BERNARD BROCHAND, GUILLAUME CHEVROLLIER, ANNIE GENEVARD, BERNARD GÉRARD, JACQUES LAMBLIN, MARC LE FUR, PIERRE MOREL-A-L'HUISSIER, ALAIN MOYNE-BRESSAND, FRANÇOIS ROCHEBLOINE, CLAUDINE SCHMID, ERIC STRAUMANN, GUY TEISSIER, PASCAL THÉVENOT, ARNAUD VIALA, PHILIPPE VIGIER, PHILIPPE VITEL

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Formation professionnelle : une occasion manquée par Philippe Vigier

Michel Sapin vient de présenter une réforme de la formation professionnelle qu’il a présentée comme la « nouvelle arme anti-chômage du gouvernement ». Cette réforme s’inscrit dans le cadre du pacte de responsabilité. Philippe Vigier, député d’Eure et Loir, qui représente le groupe Union des Démocrates et Indépendants (UDI) dans le cadre des consultations sur le pacte de responsabilité menées par le Premier ministre, dénonce lui une « occasion manquée » et avance plusieurs pistes pour une réforme de la formation professionnelle « ambitieuse ». 

Notre système de formation professionnelle permet-il de répondre aux objectifs qui lui ont été assignés ?

 

Imparfaitement. Ce système a été créé en 1971 et n’a jamais été véritablement dépoussiéré. Or, des bouleversements sociaux, économiques ou technologiques sont intervenus à l’échelle mondiale depuis 40 ans. Avec 31,3 milliards d’euros, la formation professionnelle mobilise en France un effort de financement considérable sans pour autant permettre un accès équitable à la connaissance, véritablement sécuriser les parcours professionnels ou favoriser la promotion professionnelle. Il est devenu urgent de moderniser notre système de formation professionnelle pour l’adapter à un monde ouvert aux échanges et qui évolue à toute vitesse. Il s’agit d’un enjeu majeur pour que la France reste dans le peloton de tête.

 

Quels sont les carences de notre système de formation professionnelle ?

 

Il est inégalitaire : il pénalise les salariés des petites entreprises par rapport à celle des grandes, les ouvriers par rapport aux cadres, les femmes par rapport aux hommes et les chômeurs par rapport aux actifs. Son financement est complexe et opaque : il existe trois contributions distinctes, des obligations de financement qui varient en fonction de la taille de l’entreprise et la collecte des fonds de la formation professionnelle est assurée par des organismes différents qui appliquent chacun leurs propres règles de gestion. Sa gouvernance est caractérisée par l’éparpillement : Etat, régions, partenaires du dialogue social, entreprises, organismes de formation continuent de se marcher sur les pieds. Sans pilote dans l’avion, les filières de formation sont artificiellement pourvues, parfois au mépris des aspirations personnelles, des spécificités des bassins d’emplois ou des compétences dont la France aura besoin demain.

 

Qu’est-ce qu’un système de formation professionnelle plus performant pourrait apporter ?

 

La formation professionnelle est un outil indispensable qui doit permettre à la France de sortir de la crise et d’affronter demain les défis de la mondialisation. 400 000 offres d’emplois demeurent sans réponses chaque année : la formation professionnelle devrait permettre de mettre en adéquation les profils des candidats et les besoins du recruteur et mettre un terme à cet immense gâchis. Les parcours sont de moins en moins linéaires et le développement des compétences des salariés doit permettre d’améliorer la compétitivité des entreprises : la formation professionnelle doit être le trait d’union entre les désirs d’évolution des salariés et les besoins nouveaux des entreprises. Chaque nouvelle fermeture d’usine est vécue comme un drame national : la formation professionnelle est une réponse à la fatalité, elle doit donner une seconde chance à celles et ceux qui se trouvent dans l’impasse.

 

Le projet de loi relatif à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale issu de l’accord du 14 décembre 2013 est actuellement examiné par le Parlement. Est-il à la hauteur des enjeux ?

 

Pas plus que le précédent. Nous sommes face à un projet de loi frileux alors même qu’il faudrait réformer en profondeur. Cette réforme est articulée autour de deux nouveautés : la création d’un Compte Personnel de Formation qui remplacera le Droit Individuel à la Formation à partir du 1er janvier 2015, qui va dans le bon sens mais demeure insuffisant, et la modification de l’obligation fiscale de financement au titre du plan de formation, qui risque à terme de pénaliser les salariés des Petites et Moyennes Entreprises. Ce projet de loi ne répond à aucune des questions fondamentales qui peuvent nous permettre d’améliorer notre système de formation professionnelle.

 

Quelles sont ces questions essentielles auxquelles cette réforme aurait dû répondre ?

 

Peut-on réformer la formation professionnelle sans réformer profondément notre démocratie sociale, faire toute la transparence sur l’argent des syndicats et en acceptant la mainmise des organismes de formationsur le système ? Les besoins en formation ne doivent-ils pas être enfin définis par le salarié ou le chômeur, en accord avec les entreprises d’un bassin d’emploi pour être véritablement efficaces ? Comment mieux évaluer les résultats de la formation professionnelle ? Chaque euro dépensé est-il un euro utile au salarié et à l’entreprise ? Ne faudrait-il pas confier la responsabilité de la gouvernance de la formation professionnelle à une seule entité ? Sans apporter une réponse claire, ambitieuse et courageuse à ces questions, la formation professionnelle continuera de fonctionner en « sous-régime ».

 

Vous avez des propositions concrètes à formuler pour améliorer la formation professionnelle ?

 

Je fais trois propositions simples pour améliorer la formation professionnelle : pour structurer l’offre de formation autour des besoins des salariés et adapter l’offre de formation aux besoins économiques des territoires, il faut mettre en place une nouvelle gouvernance unique, assurée par les conseils régionaux. Pour répondre à l’urgence du chômage, je propose la création de fonds régionaux d’urgence pour sécuriser les transitions professionnelles suite à des fermetures d’entreprises. Je propose enfin que les chômeurs de longue durée aient une obligation de formation, correspondant en priorité à des offres d’emplois disponibles, et que le respect de cette obligation conditionne le versement des indemnités chômage.