Jean-Michel Mis

NOTRE REVUE GEEA : ENTRE POSSIBLE ET IMPOSSIBLE, DEUX LETTRES ET UN ETAT D'ESPRIT

Être l’indispensable lien pour la meilleure appréhension des réalités de terrain par Jean-Michel Mis

Député de la Loire, Jean-Michel Mis siège à la commission des lois. Il est co-rapporteur de la mission d’évaluation de l’application de la loi du 24 juillet 2015 relative au renseignement. Très investi sur les questions liées au numérique, il est Vice-président des groupes d’études « Cyber sécurité et souveraineté numérique », « santé et numérique » ; mais aussi co-rapporteur de la mission sur l’identité numérique, membre du Conseil national du numérique et de la commission supérieure du numérique et des postes.

Au 7 mai dernier, la région Auvergne-Rhône-Alpes enregistrait 9 891 personnes hospitalisées depuis le début de l’épidémie, 11 593 cas recensés dans les établissements médico-sociaux, 2 555 décès à l’hôpital et en établissements médico-sociaux liés au Covid-19.

Pour le seul département de la Loire, on déplorait à la date du 27 mai, 237 morts (en hospitalier), 231 patients encore hospitalisés et 834 patients guéris, sortis de l’hôpital.

La France a été durement frappée par le Covid-19. Comment les entreprises de votre circonscription ont-elles réagi ? Certaines ont-elles fait preuve de résilience ?

A la fin avril, sur 16 368 entreprises de la Loire1, 11 544 ont eu recours au chômage partiel, 4 623 ont demandé un report total de leurs cotisations. 13 000 travailleurs indépendants ont bénéficié à cette même date du report de leurs cotisations.

Quant au fonds de solidarité, au 29 avril2, 10 682 entreprises ligériennes ont bénéficié du versement de ce fonds pour un montant global de 14 165 511 euros. Les principaux secteurs d’activité qui en ont bénéficié sont le commerce : 2 518 629 euros ; la construction : 1 895 473 euros ; l’hébergement et la restauration : 1 676 943 euros et les autres activités de service : 1 847 839 euros.

Au-delà de ces soutiens, plusieurs entre- prises ligériennes ont su réagir, rebondir, faire preuve d’inventivité et s’adapter. Certaines ont proposé des services de livraison, de ventes à emporter, d’autres ont choisi d’adapter leurs outils productifs pour proposer de confectionner du maté- riel de protection : ce sont par exemple Thuasne, Sigvaris, les ateliers de tissage de Charlieu... Sans oublier tous ceux qui ont manifesté un élan de générosité avec les personnels soignants : livraisons de pizza, de viennoiseries, de repas et bien d’autres encore.

Quelles actions avez-vous mené sur votre territoire ?

Avec mon équipe parlementaire, nous avons mis en place le télétravail tout en continuant de rester à l’écoute et à la disposition des ligériens et ligériennes confrontés aux difficultés du quotidien ou de leur vie professionnelle. Chaque semaine, j’ai privilégié les échanges avec les représentants des organisations patro- nales et syndicales. J’ai travaillé de concert avec le préfet de la Loire et les services déconcentrés de l’Etat afin d’apporter les éléments de réponses indispensables à la survie de nos commerces, de nos entreprises. En lien avec les élus locaux, nous avons cherché à répondre conjointement aux urgences. Par exemple, nous avons fourni 450 000 masques chirurgicaux aux professionnels de santé de la Ville de Saint-Etienne et des 58 communes de la Métropole. Cela s’est aussi concrétisé par une multitude d’interventions auprès des Ministres concernés.

Le travail parlementaire s’est aussi pour- suivi, dans des conditions, certes, singu- lières : vote des deux projets de loi sur l’état d’urgence sanitaire, lois de finances rectificatives, plan national de déconfinement, auditions...

Pendant ce drame, il y a eu beaucoup de peine, d'incertitudes mais aussi des extraordinaires gestes de solidarité... Y-a-t-il un moment qui vous a particulièrement marqué ?

Les Françaises et les Français au balcon chaque soir, les éboueurs qui rendent hommage aux personnels soignants... Mais aussi par le sens des responsabilités de nombreux professionnels et salariés qui ont toujours répondu présents pour que la vie quotidienne des Français se poursuive dans les meilleures conditions.

Et maintenant ? Avez-vous des propositions pour la reprise économique ?

Mobilisé aux côtés des acteurs éco- nomiques de mon territoire et de mes concitoyens, je compte poursuivre mon travail sur les questions liées aux enjeux du développement des outils numériques. L’Europe, et particulièrement la France, longtemps déclassée dans ces champs de compétences, doivent trouver leur place dans cette révolution numérique, et son corollaire la cybersécurité. La construction d'un marché unique du numérique est aujourd’hui indispensable. Nos modes de gouvernance et nos modèles en matière de cybersécurité doivent être repensés.

Au sortir de la crise, nous devrons nous doter d’outils régaliens à la hauteur de l’urgence. Cela passe par la création d’un ministère de la réindustrialisation et d’un ministère de la transformation numérique. Il en va de la protection de notre modèle de société tout comme de notre souveraineté.