Pascal Brindeau

Revue GEEA : Industrialisation - Relocalisation : Impossible n'est pas français

NOTRE REVUE GEEA : ENTRE POSSIBLE ET IMPOSSIBLE, DEUX LETTRES ET UN ETAT D'ESPRIT

Il est urgent de faire confiance aux acteurs locaux ! par Pascal Brindeau

Pascal Brindeau, Député UDI de Loir-et-Cher, est ancien maire de Vendôme.

Spécialiste du droit et de la gestion des collectivités territoriales, il travaille au développement économique du Vendômois et a notamment œuvré à l’implantation d’ateliers de confection Louis Vuitton sur son territoire.

Il est l’auteur de deux propositions de loi pour une flexibilité du temps de travail dans le privé et le public ainsi que pour la baisse de la TVA dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration.

Il revient sur ses actions pendant la crise sanitaire et économique.

La France a été durement frappée par le Covid-19. Comment les entreprises de votre département ont-elles réagi ? Certaines ont-elles fait preuve de résilience ?

Notre tissu économique vendômois est solide, solidaire, et diversifié. Les chefs d’entreprises qui le constituent se connaissent bien et ont l’habitude d’échanger, notamment à travers le Cercle des Entreprises du Vendômois. Cette qualité de dialogue et de travail en commun leur a permis de s’organiser pendant le confinement. Cependant, nous avons tous conscience que le plus dur est à venir et que les mois qui viennent sont déterminants pour l’avenir de beaucoup de nos TPE et PME. Pour faire face à la crise économique, des mesures spécifiques doivent être prises sans attendre au niveau national et local, notamment concernant la prise en charge des pertes d’exploitations par les assureurs, l’exonération des charges ou l’adaptation du temps de travail.

Quelles actions avez-vous mené sur votre territoire ?

De la confection de masques en tissu par des bénévoles aux « causoirs » installés dans les EHPAD de Vendôme pour per- mettre aux familles de visiter leurs proches en toute sécurité, les actions se sont multipliées sur notre territoire. Comme beaucoup de départements ruraux, le Loir-et-Cher peut compter sur un tissu associatif et un réseau de bénévoles très dynamique. Ici, la proximité et l’entraide ont du sens. Ce qu’il faut désormais, c’est permettre aux communes d’avoir une action concrète en matière économique, notamment vis-à-vis des commerçants et des entreprises. Sur ce sujet spécifique, j’ai interpellé Gérald Darmanin, Ministre de l’action et des comptes publics, pour que le gouvernement élargisse à titre exceptionnel la marge de manœuvre fis- cale des collectivités et des communes en 2020 et 2021. Il est indispensable que celles-ci bénéficient de leviers fiscaux leur permettant, par exemple, d’exonérer les commerçants et les artisans de taxes locales. Ce levier d’action est fondamental pour garantir une relance de l’activité locale, et des solutions adaptées aux réalités du terrain.

Pendant ce drame, il y a eu beaucoup de peine, d'incertitudes mais aussi des extraordinaires gestes de solidarité... Y-a-t-il un moment qui vous a particulièrement marqué ?

En Loir-et-Cher, comme ailleurs, la musique adoucit les mœurs, et réconforte. Ainsi, l’harmonie municipale de Vendôme est venue jouer sous les fenêtres des EHPAD pour offrir un peu de musique aux résidents et aux personnels des établissements. Tout comme les applaudissements des Français pour rendre hommage aux personnels soi- gnants chaque soir à 20 heures, ce sont là des gestes simples qui ne changent pas le monde mais prouvent que la solidarité et l’attention aux autres ont chassé l’indifférence. Pourvu que cela dure, une fois la crise derrière nous. Ce confinement aura au moins eu la vertu de nous rappeler l’importance des liens humains et des valeurs essentielles qui nous unissent.

Et maintenant ? Avez-vous des propositions pour la reprise économique ?

Les deux chantiers prioritaires sont la relance de l’activité et la reprise rapide du processus de décentralisation.

La crise économique qui s’ouvre ne trouvera un rempart que dans la relance urgente et intense de l’activité économique. Pour cela, nous devons aider nos entreprises financièrement (subventions, exonération de charges...) mais aussi au plan légal en assouplissant les cadres du droit du travail. C’est le sens des deux pro- positions de loi que j’ai déposées en avril et qui portent, l’une sur l’assouplissement temporaire du temps de travail, et l’autre sur la baisse du taux de TVA à 5,5% pour le secteur de la restauration et de l’hôtellerie.

L’autre chantier à mener est la nécessaire reprise de la décentralisation. Depuis le début de la crise, le gouvernement a choisi de ne pas consulter les élus locaux sur les mesures à adopter territoire par territoire. Or, les élus locaux connaissent les réalités et les spécificités de terrain. La confiance de l’Etat envers les acteurs locaux aurait fait gagner du temps et redonné du poids à la parole publique si déconsidérée. Dans ce domaine, comme ailleurs, nous ne pourrons pas revenir au monde d’avant.