Francois-Michel LAMBERT

NOTRE REVUE GEEA : ENTRE POSSIBLE ET IMPOSSIBLE, DEUX LETTRES ET UN ETAT D'ESPRIT

Congrès mondial de la nature, une opportunité pour réconcilier écologie et économie par François-Michel Lambert

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Du 11 au 19 juin 2020 Marseille accueille le Congrès Mondial de la Nature, organisé tous les 4 ans. Ce sont 10 000 congressistes, 100 000 visiteurs, le monde entier se penchera sur l’état de la nature pour définir les chemins d’un développement soutenable préservant voire renforçant la biodiversité.

François-Michel Lambert vous êtes député depuis 2012, mili- tant écologiste depuis plus de 25 ans, ce Congrès Mondial de la Nature qui a lieu à Marseille du 11 au 19 juin 2020, quelle importance revêt-il à vos yeux ?

Effectivement je me suis engagé en 1992 en politique, chez les écologistes car la fra- gilité de la nature, sa beauté et sa richesse m’inquiétait face à un modèle de dévelop- pement que je sentais déjà insoutenable. La nature n’est pas un animal à dresser, mais bien une part de nous-même, qui nous impose de conserver un équilibre sinon nous allons nous détruire nous- mêmes. Depuis 2012, je suis engagé sur l’économie circulaire modèle de dévelop- pement fondé sur l’efficience d’usage des ressources afin de créer plus de richesses sociales et économiques avec moins de matières premières naturelles consom- mées. J’ai obtenu que dans la loi TECV de 2015 soit inscrit l’objectif de limitation de consommation de ressources et donc d’impacts négatifs : en 2030 nous devrons avoir mis en place un modèle de produc- tion et consommation qui ne mobilise pas une tonne de plus de ressources qu’en 2010, tout en ayant bien sûr eu une crois- sance de l’ordre de 30 % et vu la France s’agrandir de 6 à 7 millions d’habitants. Ainsi quand j’ai appris que l’IUCN souhaitait que la France accueille le Congrès Mondial de la Nature, j’ai écrit au Ministre Nicolas Hulot pour lui recommander Marseille, for- midable ville aux carrefours de ces enjeux.


Précisez-nous qui est l’IUCN et ce qu’est le Congrès Mondial de la Nature ?


L'Union internationale pour la conservation de la nature consacrée à la conservation de la nature.Sa mission est d'influencer, d'encourager et d'assister les sociétés du monde entier, dans la conservation de l'intégrité et de la biodiversité de la nature, ainsi que de s'assurer que l'utilisation des ressources naturelles est faite de façon équitable et durable. Connue pour attribuer aux espèces un statut de conservation, qui fait référence dans la communauté scientifique, et à partir desquels elle édite sa liste rouge des espèces menacées. Elle classe égale- ment les aires protégées en 7 catégories. L'UICN est également l'organisme consultatif référent auprès du Comité du patrimoine mondial pour l'étude de l'inscription des sites naturels à la liste du patrimoine mondial, ainsi que l'évaluation de l'état de conservation de ces sites.

En tant qu'organisme de référence, l’IUCN organise le Congrès Mondial de la Nature tous les 4 ans, le plus grand événement de conservation de la nature au monde. Il rassemble les leaders et les décideurs issus de Gouvernements, de la société civile, d’organisations, des peuples autochtones, d’entreprises et d’universités afin de définir les défis les plus urgents de l’heure en matière d’environnement et de développement, et les actions à entreprendre pour y répondre.

Pourquoi Marseille et la région Sud sont une référence pour les enjeux nature et biodiversité ?

La région Sud est celle qui a la plus grande biodiversité de toute l’Europe. Entre mer et terre se rencontrent des espèces endémiques qui permettent l’équilibre face souvent à des évènements climatiques exceptionnels.

Pour conclure, pour les entrepreneurs qui souhaitent s’investir sur cet enjeu biodiversité, qu’est-ce que vous leurs recommandez ?

Qui peut croire que nous pourrons continuer à répondre au défi du développement économique pour plus de biens communs en n’intégrant pas la nature et sa formidable richesse qu’est la biodiversité ? Un nouvel équilibre entre écologie et éco- nomie est à trouver. C’est une priorité. Il faut vous investir sur la biodiversité et mesurer votre impact, positif ou négatif, sur la nature.

Les enjeux devenant de plus en plus forts, voire urgents, la pression tant de la société que des pouvoirs publics va aller expo- nentiellement. J’invite chacun à venir au Congrès Mondial de la Nature à Marseille, pour y découvrir des réponses, des ins- pirations, des opportunités réconciliant écologie et économie. Mieux encore, les entreprises et fédérations, peuvent s’engager dans la préparation et l’organisation du congrès.

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Economie circulaire : une exigence à venir, une opportunité dès aujourd'hui pour nos entreprises par François-Michel Lambert

François-Michel Lambert, Député des Bouches du Rhône, est Président-Fondateur de l’Institut national de l’économie circulaire. GrandTémoin de la feuille de route de l’économie circulaire du gouvernement, depuis 2012 il fait converger enjeux environnementaux,pensée organisationnelle par la logistique et changement de modèle de comptabilité pour bâtir un modèle de développement plus résilient et créateur de richesses. Au pluriel !

François-Michel Lambert vous êtes Député depuis 2012 et Président de l’Institut nationalde l’économie circulaire que vous avez fondé en 2013. Quel est le rôle et la mission de cet Institut ?

L’Institut national de l’économie circulaire (INEC) regroupe plus de 200 membres : entreprises, fédérations professionnelles, éco-organismes, collectivités, écoles et universités, ONG, experts.

Lieu de réflexion nous produisons depuis plus de 6 ans des études et notes de contexte, constituant une majorité des tra- vaux en France sur l’économie circulaire. C’est aussi un lieu d’échanges, de ren- contres et d’expérimentations, l’INEC développe des programmes comme la plateforme www.economiecirculaire.org en open-access dont l’objectif est de partager l’information et des bonnes pratiques en matière d’économie circulaire.

Reconnu en France, principal « pourvoyeur » d’amendements « économie circulaire » dans différentes lois depuis 2013 l’INEC est la référence française auprès du CESE Europe. Ce sont aussi des conventions de partenariat avec la Métropole du Grand Paris Andorre, le district d’Abidjan, des collectivités du Pays Basque espagnol, des universités au Québec, à Shanghaï... Aujourd’hui l’INEC c’est 11 personnes à plein temps.

On parle beaucoup de l’économie circulaire, quelle est votre vision sur ce sujet ?

Nos prélèvements sur les ressources naturelles dépassent largement la capacité de la Terre à fournir des ressources et à absorber les déchets : l’humanité utiliserait 1,6 planète pour subvenir à ses besoins. Cette croissance continue n’est pas pérenne, nous devons changer notre modèle de développement.

C’est pour cela que l’économie circulaire, telle que je la porte, est celle qui centre notre modèle de développement sur la ressource pour créer plus de producti- vité, d’efficience d’usage, de richesses sur les matières mobilisées. C’est ce que j’ai porté par des amendements dans la loi TECV de 2015.

Et concrètement ?

C’est une approche systémique, c’est à dire que nous devons repenser les fondements même de notre société du gaspillage. Nous allons faire bouger la société, en agissant sur les 4 leviers de l’action poli- tique pour inscrire la France dans une trajectoire de réduction de notre dépen- dance aux ressources :

• Agir sur la fiscalité, à la hausse sur les mauvaises pratiques et à la baisse sur les solutions qui préservent.
Utiliser l’outil réglementaire pour interdire des produits ou au contraire obliger à agir. • Mobiliser les fonds publics pour soutenir l’innovation.

• Former pour changer les comportements et les compétences.

L’INEC propose 10 actions (à retrouver sur www.institut-economie-circulaire.fr) à mener dans le cadre de la future loi sur l’écono- mie circulaire, programmée à l’automne.

Comment l’économie circulaire peut faire partie d’une stratégie d’entreprise ?

L’entreprise doit faire la chasse au gas- pillage, aux déchets inutiles et coûteux, à la dilapidation des ressources qu’elle mobilise.

Coopérer dans son territoire, entamer la transition vers une économie d’usage plutôt que de propriété, déterminer de nou- veaux modèles financiers pour accroître la valeur ajoutée par kilo de matière utilisée, créer, traiter, fiabiliser des données pour mieux allouer les ressources vers un objectif de préservation et d’efficience écono- mique. Le champ est vaste, la question est « Comment créer plus de richesses avec moins de ressources utilisées ? »

Pour conclure ?

Nous avons un modèle de capitalisme européen à construire face aux capita- lismes portés par Trump ou la Chine. Notre modèle s’appuiera sur une comptabilité intégrée, une comptabilité unique en euros intégrant les enjeux financiers et extra financiers.

Je parraine une expérimentation en cours sur 10 entreprises en région Sud. Cette nouvelle forme de comptabilité, le modèle CARE, changera la façon de créer de la richesse. Les entreprises peuvent déjà s’y préparer pour gagner.

Petit-déjeuner autour de Jean-Dominique Senard, PDG de Michelin

En présence d’Olivier Dassault, Jean-Michel Fourgous, Valérie Beauvais, Bernard Brochand, Valérie Boyer, Pierre Cordier, Rémi Delatte, Vincent Descoeur, Marianne Dubois, Laurent Garcia, Yannick Haury, Michel Herbillon, Alain Houpert, Jean-Luc Lagleize, François-Michel Lambert, Laure de La Raudière, Charles de La Verpillère, Véronique Louwagie, Gilles Lurton, Sylvain Maillard, Pierre Morel-à-L’Huissier, Jean-François Rapin, Frédéric Reiss, Vincent Rolland, Eric Straumann, Laurence Trastour-Isnart, Pierre Vatin et Stéphane Viry.

sur le thème :

« RÉCONCILIER ENTREPRISE ET SOCIÉTÉ : CELA PEUT-IL ROULER ? »

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