Alain Marty

2017 : échéance capitale pour notre économie par Alain Marty

Alain Marty, député de la Moselle, maire de Sarrebourg et membre de la Commission de la défense et des forces armées, s’alarme de la situation économique de notre pays. Face à ce constat, il souhaite que le prochain Président de la République agisse afin que soient maintenues la production industrielle de notre pays et la place de la France dans le monde.

Quel constat dressez-vous de la situation économique de notre pays ? 


Notre tissu économique souffre. Les signes sont évidents : croissance réduite aux environs de 1 %, investissements insuffisants en raison d’une fiscalité confiscatoire, réduction de la production industrielle, chômage important, etc. Nos difficultés viennent certes de la mondialisation qui a entraîné des évolutions considérables au niveau de la production mondiale avec une production forte en Asie, au détriment des vieux pays industriels. Mais cela n’explique pas tout. Des pays ont eu le courage et la lucidité d’entreprendre un redressement de leur économie. Dans les années 1990, ce fut le cas du Canada et de la Suède, dans les années 2000, celui de l’Allemagne. Plus récemment, l’Espagne et les États-Unis ont montré la voie du redressement pour renouer avec une croissance durable. 

Quelles sont selon vous les raisons des difficultés économiques de la France ? 

Je prendrai deux exemples :

• En 1998, j’étais comme Conseiller général de la Moselle en charge de la promotion économique du département. Nous obtenions l’implantation d’entreprises allemandes car le coût de la main d’œuvre était inférieur de 10 à 15 % par rapport à l’Allemagne. Moins de 20 ans après, le coût de la main d’œuvre est supérieur de l’ordre de 10 % en France. Ce changement est en grande partie lié à la réduction du temps de travail à 35 heures. 

• Quelques chiffres illustrent notre situation et la singularité française. La France représente 1 % de la population de la planète, encore 3,7 % de la production mondiale mais, cela est à méditer, 15 % de ’ensemble des transferts sociaux ! Ces chiffres se suffisent à eux-mêmes, ils démontrent les limites de notre système. Il n’y a pas de raison que la dérive liée aux transferts sociaux cesse, les dépenses publiques atteignent des sommets avec 57,5 % du PIB. Nous sommes les champions en ce domaine. 

Pour financer cela, les recettes publiques évoluent aussi à la hausse, étouffant la croissance, l’épargne et l’investissement. Le quinquennat du Président de la République François Hollande n’a rien arrangé. Il est caractérisé par un matraquage fiscal qui, malgré le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), impacte le résultat des entreprises, réduisant les capacités d’investissement et entraînant, ce qui est préoccupant, le vieillissement de notre appareil productif. Notre compétitivité est entamée par les coûts horaires du travail supérieurs à l’Allemagne, à l’Italie et d’environ 13 euros de plus par heure qu’en Espagne. Nos capacités d’innovation sont moindres qu’en Allemagne. Tout ceci se traduit par des pertes de parts de marché et une réduction des emplois privés. La seule industrie a perdu 2,5 millions d’emplois en un quart de siècle.

Pour autant, faut-il tomber dans la morosité ? 

Non, je crois ardemment au redressement de notre pays et de son économie. Nous avons des atouts importants, une évolution de la démographie, une main d’œuvre qualifiée, des entreprises performantes dans la compétition mondiale. La France dispose aussi d’infrastructures modernes (TGV, autoroutes, politique de santé, enseignement supérieur et universités). Nos chefs d’entreprises, nos artisans ont la capacité de relever les défis du redressement si l’État leur fait confiance et leur donne plus de liberté.

Quelles sont les pistes que vous préconisez pour redresser notre pays ? 

Mon engagement politique est marqué par le gaullisme : la complémentarité entre le travail et le capital caractérisée par l’intéressement à la participation, l’ardente obligation du plan pour les infrastructures, une volonté d’inscrire la France dans les technologies d’avenir comme l’aéronautique, l’aérospatial, la filière nucléaire. 

Les actions à mener sont connues. Elles ont fait leurs preuves à l’étranger. Elles sont préconisées par le Fonds monétaire international (FMI) ou la Cour des comptes. Elles sont dans l’ensemble reprises par les candidats à la primaire de la droite et du centre. 

D’abord, il faut augmenter notre productivité et notre compétitivité par la baisse des charges qui pèsent sur le travail. Il faut également restaurer la profitabilité des entreprises en réduisant les prélèvements pour relancer l’investissement et l’emploi. Il est nécessaire d’avoir une fiscalité qui ne soit pas confiscatoire pour redonner confiance.

La productivité et la compétitivité seront améliorées avec la fin des 35 heures qui représentent un réel handicap par rapport à nos voisins, mais également par une flexibilité du travail, par la généralisation des accords évolutifs d’entreprise et par la réforme du droit du travail qui, étant donnée sa complexité, est un frein à l’embauche. 

J’ai actuellement un artisan qui refait la toiture de ma maison. Il travaille avec deux salariés. Il a un carnet de commandes fourni mais n’envisage en aucun cas de prendre un salarié supplémentaire. Étrange pays que le nôtre où l’esprit d’entreprendre, la profitabilité, sont brimés par des réglementations excessives et tatillonnes. 

Revendiquons plus d’air, de liberté, plus d’esprit d’entreprendre ! Mais ces réformes si nécessaires ne sont pas suffisantes. L’État doit lui aussi se réformer pour entraîner une baisse des dépenses publiques. 

Nous sommes, je le rappelle, les champions dans ce domaine. L’Etat a aussi une responsabilité au niveau de l’éducation. Il faut privilégier la formation en alternance et la formation professionnelle. Environ 150 000 jeunes sortent tous les ans du système éducatif sans formation. Près de 2 millions de jeunes ne suivent aucune formation scolaire ou professionnelle et n’ont aucun emploi. Notre pacte social ne peut pas se contenter d’une telle situation. 

Enfin, il nous faut réformer l’assurance-chômage. Notre système est coûteux et peu efficace. Nous le voyons, nos entreprises se battent avec un handicap considérable. C’est comme si nos sportifs courraient le 100 mètres avec un sac à dos de 30 kilogrammes ! Il est dès lors difficile de faire mieux que les autres. Notre avenir économique, notre pacte social dépendent de notre capacité à maintenir une part importante de production industrielle. Il est grand temps de se réformer, les paroles ne suffisent plus, c’est le temps de l’action.


Je souhaite du fond du cœur que le candidat de la droite et du centre incarne cette volonté de réforme. Notre responsabilité est immense. Il nous revient de porter ce projet et cette ambition. En cela, 2017 sera bien une échéance capitale pour notre économie et notre place dans le monde.
 

La dernière revue est en ligne !

GEEA vient de publier son livre blanc !

Lu dans les Echos : La loi El Khomri, symbole de tous les renoncements

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90 parlementaires, membres de GEEA ont publié cette tribune dans les Echos pour dénoncer le projet de loi El Khomri.

La question écrite de GEEA sur la taxe affectée aux TPE-PME de la filière cuir

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Suite à la visite d"ADC, Au delà du Cuir, qui accompagne les jeunes entrepreneurs dans la filière cuir, les membres de GEEA ont déposé la question écrite suivante pour que la taxe versée par l'industrie du secteur soit intégralement injectée dans la dynamisation des PME. Actuellement, une partie va dans l'escarcelle de l'Etat.

C'est grâce à une action commune que GEEA sensibilise le  Gouvernement sur des problématiques.

Tribune dans le Figaro : Révolution numérique n'ayons pas peur !

La question écrite de GEEA sur le relèvement des seuils sociaux et fiscaux

Afin de concrétiser la proposition n°11 du livre blanc, GEEA a proposé à ses parlementaires membres de dépose une question écrite auprès du ministre du travail. L'objectif : relever les seuils sociaux et fiscaux de 10 à 20 et de 50 à 100 salariés. 

"Les comparaisons internationales de démographie d'entreprises montrent, qu'en France, l'augmentation des effectifs d'une entreprise et donc le franchissement de certains seuils, accroît très significativement le coût social pour l'employeur tout en y additionnant de nouvelles réglementations. En France, 7 ans après sa création, une entreprise emploie en moyenne 20 salariés, contre 80 en Grande-Bretagne. L'effectif moyen de toutes les entreprises françaises à leur création est de 2,7 personnes contre 6,6 aux États-unis ou encore 4,5 en Allemagne. Véritable frein psychologique à l'embauche, ces seuils sont perçus par l'employeur comme un facteur de complexification administrative et de hausse des cotisations. À titre d'exemple, le franchissement de la barre des 50 salariés a pour conséquence l'application de 34 législations et réglementations supplémentaires pour un coût représentant 4 % de la masse salariale. Il souhaite savoir si le Gouvernement prendra en compte la proposition de Génération entreprise-entrepreneurs associés, composée 120 de parlementaires, demandant le relèvement des seuils sociaux de 10 à 20 et de 50 à 100 salariés. Une telle mesure atténuera la « peur d'embaucher ». Son impact sur l'emploi serait important : 22 500 entreprises embaucheraient des salariés supplémentaires sans ces seuils sociaux. En 2012, l'INSEE et l'IFRAP évaluaient la perte d'emplois générés par les seuils sociaux entre 70 000 et 140 000 emplois."

Tribune dans Valeurs Actuelles : Monsieur Hollande, ouvrez les yeux !

– Valeurs Actuelles – TRIBUNE, juillet 2013 –

Monsieur Hollande, ouvrez les yeux !

Alors que la France est en récession, le gouvernement n’a d’autre réponse que d’augmenter les prélèvements sur les entreprises.

Alors que nous sommes en pleine crise économique, que les marges brutes des entreprises françaises sont les plus basses d’Europe, que les plans sociaux s’accumulent, qu’on dénombre 1 328 chômeurs supplémentaires chaque jour, nous avons quotidiennement de nouvelles preuves de l’amateurisme du président de la République et de son gouvernement.

François Hollande veut se convaincre que le délai de grâce de deux ans pour revenir à un déficit de 3 % accordé par la Commission européenne est une bonne nouvelle. Mais c’est reculer pour mieux sauter ! L’austérité qui sera menée sera peut-être un peu moins brutale car étalée dans le temps, mais elle restera forte (avec un ajustement annuel de 1,3 point de PIB de 2012 à 2015) et très douloureuse car il n’y a aucune chance pour que le chômage baisse avant 2015.

Bercy a déposé il y a quelques jours au Parlement son projet de loi de règlement du budget de l’État au titre de l’année 2012, aux fins d’approbation des comptes. Alors que la France est entrée en récession, le gouvernement s’autocongratule en affirmant que « la France […]a bien résisté, ne subissant pas de repli marqué de son activité à l’inverse de ses partenaires de la zone euro ». Pourtant, en 2012, tous les secteurs d’activité sont marqués par la dégradation de l’activité.

À l’été 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a augmenté brutalement le forfait social en le faisant passer de 8 à 20 %. S’il avait voulu déstabiliser le climat social des PME et des grandes entreprises, il ne s’y serait pas pris autrement. Cette décision a notamment abouti pour de nombreux salariés à la fin de l’abondement d’employeur aux plans d’épargne d’entreprise (PEE) et plans d’épargne pour la retraite collectifs (Perco). Sans oublier la perte de revenus non négligeable pour plusieurs millions de salariés à la suite de la suppression des heures supplémentaires défiscalisées.

En additionnant les mesures du premier budget rectificatif de 2012 de la nouvelle majorité (relèvement du forfait social – la fiscalité sur l’intéressement et la participation -, taxe sur les dividendes) aux mesures du budget 2013 et du financement de la Sécurité sociale, on atteint des hausses de prélèvements de 16 milliards sur les entreprises. À cette somme, il faut ajouter les 3 milliards de prélèvement écologique que le gouvernement a prévu pour financer son crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Au total, la hausse des prélèvements sur les entreprises atteint donc 19 milliards d’euros pour un crédit d’impôt de 20 milliards qualifié de « révolution copernicienne » par M.Moscovici ! Le gouvernement n’a fait que donner d’une main ce qu’il a repris de l’autre. Tout cela pour aboutir à l’attribution de 4 324 CICE pour 2,5 millions d’entreprises asphyxiées !

Pour sortir de la crise, le gouvernement doit diminuer significativement les dépenses publiques, baisser les cotisations patronales et salariales, exonérer de charges sociales pendant trois ans les TPE qui embauchent en CDI un chômeur, opter pour une flexisécurité plus opérante.

C’est ainsi que nous gagnerons en compétitivité, que nous aurons une chance de réindustrialiser la France et de créer de l’emploi.