Sous la canopée, le soleil par Alain Houpert

Il se revendique élu des territoires ruraux et ancien maire d’une commune de 200 habitants. Alain Houpert, Sénateur de Côte-d’Or depuis 2008 rappelle que la transition énergétique ne pourra se faire que par une réindustrialisation massive et la défense des technologies dans un contexte géopolitique incertain. Des conditions auxquelles répondent selon lui un projet unique au monde qui trouve sa source dans les terres de Bourgogne : la canopée photovoltaïque, développée par TSE qui entend répondre aux ambitions de la France : plus 45GW d'énergie solaire  d’ici 2028, soit trois fois les installations réalisées depuis 20 ans…

ous avez choisi de parler de TSE qui innove dans le cadre de l’agrivoltaïsme. Quel en est le principe et pourquoi ?

TSE vient d’inaugurer son concept en Haute-Saône et poursuivra son expérience en Côte-d’Or. C’est une première mondiale baptisée la canopée et qui porte bien son nom puisque le principe est le suivant : un parcelle agricole est recouverte de panneaux photovoltaïques à cinq mètres de hauteur, sur une longueur de 27 mètres, le tout fixé sur des câbles. La première installation permet de produire de l’électricité pour 13 000 habitants sur une superficie de 3 hectares.

En quoi est ce que ce principe diffère de panneaux au sol ?

C’est d’abord une question de foncier. Le foncier de friche qui répond aux exigences d’installation arrive au bout. L’installation d’une canopée doit répondre à des critères précis : être proche d’une centrale de distribution électrique en Haute Tension, et se trouver dans une zone ad hoc pour l’accueillir. L’autre différence est que l’installation a un minium d’emprise au sol puisque les câbles reposent sur des poteaux, qui ne rendent pas la parcelle inutilisable, bien au contraire. C’est un contrat gagnant-gagnant entre agriculteurs et acteurs de l’énergie.

N’y a t-il pas un risque de déstabiliser l’environnement avec de telles installations ?

Au contraire. Les responsables de TSE ont mené plusieurs études sur différents paramètres : la nature des sols, leur réaction et les premiers résultats sont encourageants. Les panneaux sont amovibles et se dirigent en fonction du soleil, ce qui permet à chaque parcelle d’être à un moment de la journée ombragée et donc plus productive. Cet ombrage permet aussi de mieux réguler le stress hydrique, et on a pu voir cet été que l’eau commençait à représenter un vrai problème. TSE prévoit aussi d’installer un système d’arrosage au goutte à goutte.

Ce type de technologie est-il utile dans votre département ?

Même si elle est verdoyante, la Côte-d’Or possède des territoires appauvris. Le Nord par exemple ou le Chatillonnais sont des terres qui souffrent plus que d’autres des fortes chaleurs que nous avons eues cet été. Puis la Côte-d’Or c’est aussi le territoire des grands vignobles qui sont de plus en plus soumis aux aléas climatiques notamment à la grêle. Et le système de canopée permet de protéger environ 40% des cultures. Puis la question de la transition énergétique concerne toutes les régions, voire tous les pays.

Quels sont aujourd’hui les obstacles à la transition énergétique  ?.

La France est en retard. Et les voeux pieux du gouvernement en matière de transition doivent être suivis de véritables efforts. Le principal obstacle est je crois l’impact. Nous devons développer des technologies qui n’enlaidissent pas nos paysages naturels. C’est la condition d’une acceptation par les habitants. La Bourgogne a été un temps vendu à l’éolien, contre l’avis des habitants.

Ce qui m’a aussi été rapporté, c’est la lenteur du millefeuille administratif, le plus lent d’Europe. Prendre des précautions, c’est indispensable, mais pas entraver les projets. Il faut un guichet unique pour les acteurs de la transition écologique. Il faut aussi très vite développer la technologie des panneaux photovoltaïques aujourd’hui chinois. Economiquement ils ne représentent que 20% des investissements, 80% étant confiés aux entreprises françaises ou européennes. Le contexte géopolitique appelle à une industrialisation urgente dans ces technologies. Cette canopée est une première mondiale. Ne la laissons pas partir à l’étranger. L’Ukraine nous a montré notre dépendance. En Asie, la menace d’une invasion de Taiwan inquiète profondément les acteurs. Nous ne devons pas laisser l’avenir de notre transition énergétique entre les mains de pays dont nous ne sommes pas certains de la stabilité politique et économique qui au demeurant veulent bouleverser l’ordre mondial.