Oui aux économies d'énergie, non à la décroissance, par Annie Genevard

Depuis des années, nous subissons un discours culpabilisant et défaitiste face au réchauffement climatique. Quelles que soient les énergies alternatives développées face aux énergies fossiles, la décroissance s’imposerait à nous. Annie Genevard, députée du Doubs, membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, s’inscrit en faux contre cette logique. La sobriété énergétique est une ambition louable. Elle aide à lutter contre le réchauffement climatique, elle profite aux entreprises qui ainsi produisent davantage avec moins d’énergie. Mais nous savons bien qu’aucune économie n’existe durablement sans croissance.  Le pays a besoin d’entreprises qui investissent et produisent, pas d’entreprises qui tournent au ralenti ou plus du tout. Seuls le progrès technologique et l’innovation permettront de résoudre cette équation entre croissance et transition énergétique. Dans cet esprit, Annie Genevard souhaite vigoureusement une relance de la filière nucléaire française malmenée ces dernières années. 

La sobriété énergétique est devenue le mantra de tous les politiques, que cela soit au niveau local, national, européen. Est-ce que cela doit être l’objectif ultime de la politique énergétique de la France ? 

 

La sobriété énergétique est positive pour plusieurs raisons. Elle permet de réduire nos émissions de CO2. Elle préserve le pouvoir d’achat des ménages et allège les charges des entreprises. Elle repousse le risque de black-out cet hiver. Pour autant, toutes ces qualités ne peuvent se substituer à l’ambition première de notre politique énergétique qui est de retrouver notre souveraineté et de garantir notre croissance.   

 

Que pensez-vous du plan de sobriété énergétique annoncée par la première Ministre ? 

 

Réduire la consommation d’énergie dans le tertiaire est indispensable. Je le réclame depuis très longtemps car ce secteur représente un gisement considérable. En effet, ces bâtiments sont occupés un tiers du temps alors qu’ils sont énergétisés 81% du temps. Chez eux, les Français n’ont pas attendu le gouvernement pour réduire leur consommation afin de réduire leur facture énergétique. Je m’interroge sur l’objectif de réduction de la consommation énergétique. Le gouvernement semble l’avoir établi à  --10% en deux ans sans justifier son choix.

 

Pensez-vous que ces objectifs ne sont pas réalistes ? 

 

En 20 ans, en France, nous avons réussi à réduire la consommation énergétique de 1% par an en moyenne, grâce notamment à l’innovation technologique. En 2020, du fait du confinement, la consommation a baissé de 10% avec une récession économique de 7%. Pour tenir l’objectif de 10% fixé par le gouvernement, des usines s’arrêteront, la production baissera, les Français se déplaceront moins. Tout cela aura un effet négatif sur la croissance. Ce n’est pas ma façon d’envisager la transition écologique. Je préfère miser davantage sur l’innovation technologique et la fixation d’objectifs en tenant compte de leur acceptabilité sociale et industrielle.  

Je m’oppose à l’anti-écologie punitive de la NUPES, je m’oppose à la déconnexion de mesures annoncées. Regardez ce qui est en train de se passer avec la voiture. Le gouvernement veut interdire la vente de tout véhicule non électrique dès 2035. Il impose des Zones à Faible Emission aux grandes métropoles avant 2025. A titre d’exemple, ces ZFE excluront, de facto, les Français qui n’ont pas les moyens d’acheter ces voitures mais qui en ont besoin pour aller travailler. Ces zones seront synonymes d’exclusion pour les classes moyennes et donc d’injustice sociale. La situation pourrait être potentiellement explosive.

 

Comment envisagez-vous transition énergétique ? 

 

Je défends une société de liberté et de responsabilité.

Le développement durable repose sur 3 piliers indissociables : la préservation de l’environnement, le progrès social et la viabilité économique. Je souhaite réconcilier la transition énergétique avec l’économie, qu’il s’agisse de la taxe carbone aux frontières de l’UE, de la réforme du marché de l’électricité et du grand plan de relance du nucléaire qui produit une énergie décarbonée.  Elle fait partie des énergies alternatives aux énergies fossiles. Elle est donc adaptée à la lutte contre le réchauffement climatique. Le nucléaire nous permet de ne pas avoir à arbitrer entre croissance et transition écologique.