L'agriculture, cette économie du monde rural qui nourrit notre pays par Josiane Corneloup

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Le « mois sans tabac » marquera dorénavant l’intégration du « menu sans viande » dans les cantines. Une annonce que la députée de Saône-et-Loire Josiane Corneloup ne " digère " pas, car en plus des affaires sociales, celle qui est aussi conseillère départementale du canton de Charolles multiplie ses actions en faveur de l’agriculture, une activité prégnante dans son territoire de grande qualité, qui contribue largement à l’économie locale.

Que représente l’agriculture dans l’économie à l’échelle de votre territoire ?

La Saône-et-Loire est le 2ème plus grand département français en terme de surface agricole utile ; l’agriculture se cultive dans ses gènes de manière ancestrale, produisant des AOP de renommée internationale parmi lesquelles, depuis 2010, le Bœuf de Charolles et le Fromage de chèvre charo- lais issus de ma circonscription.

Chez moi, berceau de la race charolaise, première race allaitante du monde qui s'ex- porte dans plus de 70 pays, l’activité agri- cole regroupe 40 % des déclarants PAC du département. C’est 7 % des emplois (10 % au niveau départemental) qui se déclinent dans 1 455 exploitations individuelles, 243 Gaec et 326 dans une autre forme socié- taire. Derrière ces emplois, il existe toute l’activité indirecte qui en découle, notam- ment l’agroalimentaire, un secteur qui tend à se développer : 2 % des emplois locaux, plus de 300 salariés et 18 entreprises. Les activités comprennent notamment la meunerie, la découpe de fromages, ou encore la fabrication de plats préparés.

Forte d'une tradition de transaction et d'exportation, au fil du temps, l’activité agricole a su se tourner vers la qualification de ses produits, la diversification économique, l'innovation.

Qu’entendez-vous par qualification, diversification économique et innovation ?

La qualité de nos productions relève d’un véritable savoir-faire. Aujourd’hui, plus de 1 000 exploitations d'élevage allaitant sont engagées dans des démarches de qualité : les Labels Rouge (Tendre Charolais Label Rouge, Charolais Terroir Label Rouge, le Charolais du Bourbonnais) ; l’IGP (Indication géographique protégée) Charolais de Bourgogne ; l’AOC (appellation d’origine contrôlée) - l'AOP (appellation d’origine protégée) Bœuf de Charolles ; l’Agriculture biologique et Bio Bourgogne. Il s’agit de reconnaître des méthodes d’élevage traditionnelles, mais aussi la valeur de nos prairies qui donnent ce goût persillé à la viande. Nos bocages font d’ailleurs l’objet d’une demande de reconnaissance au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui serait bien évidemment un plus pour le tourisme, et pour l'agro-tourisme vers lequel de nombreuses exploitations se sont tournées en intégrant différents réseaux nationaux tels que Bienvenue à la Ferme, Accueil Paysan...

Un savoir-faire en cachant un autre, et ma circonscription étant aussi une terre de céramistes (7 % de l’emploi local - 1 000 emplois répartis dans plus d’une vingtaine d’entreprises), le Charolais se retrouve également vendu à l’international sous une autre forme, la faïence de Charolles mais aussi tout un panel de poteries artisanales culinaires ou décoratives.

Le bœuf s’impose dans les assiettes, dans tous les sens du terme ; pour autant, les cantines doivent dorénavant se plier au repas végétarien acté par la loi Egalim ?

L’article portant obligation pour les res- taurants scolaires de proposer un menu végétarien hebdomadaire se trouve dans le chapitre 1er, intitulé « Accès à une ali- mentation saine ». Qu’est-ce à dire pour nos éleveurs ?

Cette loi amalgame toutes les formes de production de viande, elle rend responsable l’élevage et la consommation de viande des tourments environnementaux qui frappent nos sociétés et dont les peuples se soucient légitimement toujours plus chaque jour. Cette inquiétude qui porte sur l’environnement et la santé publique est exploitée et orientée vers des combats vains, car qui peut croire que c’est en remplaçant la viande charolaise par du soja brésilien aux OGM, de l’huile de palme qu’on améliorera la santé publique et qu’on donnera un sursis supplémentaire à notre planète ? Notre monde meurt de la ferme des mille vaches, de la déforestation de l’Amazonie, de l’homogénéisation des modes de vie et de consommation, mais sûrement pas d’un élevage d’excellence tel qu’il est pratiqué en Saône-et-Loire. Cette loi installe un climat de suspicion vis-à-vis des éleveurs ; elle vise plus à satisfaire des lobbys qu’à une véritable politique d’ali- mentation et d’agriculture.

Cette loi fait porter la responsabilité de nos égarements collectifs aux agriculteurs. Je ne laisserai pas les agriculteurs devenir les boucs-émissaires de la crise environne- mentale et sociétale actuelle.

Vous vous êtes opposée au Mercosur et avez voté contre
la ratification du traité de libre échange CETA avec le Canada au nom de la préservation de notre autonomie alimentaire et des enjeux environnementaux. Pouvez-vous développer votre point de vue ?
Ces accords internationaux sont déloyaux, pénalisent gravement nos agriculteurs et vont totalement à l’encontre des dispositions de la loi Agriculture et Alimentations et des accords de Paris sur le climat et la transition écologique. Le Mercosur et le CETA répondent avant tout aux exigences des multinationales de l’agroalimentaire qui visent à imposer un modèle de plus en plus industrialisé de l’agriculture aux dépens de nos exploitations de type familial à taille humaine, respectueuses du bien- être animal, de l'environnement et offrant aux consommateurs des productions de haute qualité, hélas non rémunérées à leur juste valeur.
C’est cette organisation qui a permis de préserver notre souveraineté et notre sécurité alimentaires. Il eût été bien plus pertinent de favoriser les conditions pour produire et consommer de manière rai- sonnée et équilibrée dans l’ensemble du territoire européen. Cela aurait profité à la fois aux consommateurs et aux éleveurs.