Changeons de refrain par Valérie Bazin-Malgras

Il existe en France une petite musique qui revient, de temps à autre, lorsque nous discutons, ici et là, sur l’économie à l’heure de l’écologie. Cette petite musique, venue des discours les plus radicaux de l’écologie, nous répète qu’il n’est pas possible de concilier développement économique et protection de l’environnement, que l’ambition entrepreneuriale n’est qu’un frein à la grande transformation écologiste de notre société.

C’est une musique qui a un effet : normes et règlements accrus au détriment de l’autonomie de nos entreprises, attaques sur les entrepreneurs aussi bien que sur leurs projets, découragement de certains français à vouloir se lancer dans une aventure entrepreneuriale, etc. Comme si, pour atteindre nos objectifs environnementaux, il fallait revoir tout dans notre façon de concevoir l’initiative privée.

 

Nous savons pourtant que tout cela est faux. Qu’on ne peut pas opposer l’amélioration écologique et l’activité économique. Qu’on ne peut pas se dire qu’en bloquant le droit à entreprendre, on réduira les émissions de CO2 et l’utilisation de polluants. Dire cela, c’est oublier que le droit de créer son entreprise, la liberté d’entreprendre comme dirait Raymond Aron, est une liberté fondamentale au cœur de la démocratie.

 

C’est oublier qu’avec la responsabilité sociale des entreprises, les entreprises ont un impact sociétal et, plus encore, sont des acteurs majeurs de la transformation environnementale. En effet, elles ont depuis longtemps compris que l’objectif économique n’est pas unique, qu’il existe d’autres critères d’évaluation lui permettant d’atteindre les attentes de sa clientèle, par une montée en gamme des produits disponibles et un faible bilan carbone de la production.

 

Cette vision très centrée oublie même que l’activité économique en France, très contrôlée, reste toujours moins polluante que la délocalisation de la production à l’étranger, où les normes ne prennent pas en compte ce sujet. Ainsi, l’ambition du Made In France, d’une place accrue des produits français dans le commerce international sert à la fois les enjeux d’un développement économique plus soucieux de l’environnement mais aussi à la compétitivité de nos exportations, de nos entreprises, et satisfait ainsi l’économie, l’innovation et la politique environnementale nationale.

 

C’est une confiance accrue dans les acteurs économiques. L’entrepreneuriat, dans son essence, est une ambition. Il est sain ou souhaitable qu’une entreprise fasse tout pour accéder à sa taille critique, qu’elle puisse vivre et faire vivre des femmes et des hommes, qu’elle améliore ses produits et sa façon de produire.

 

Parce que, ce qu’oublient les opposants d’une croissance verte, ça n’est que par la recherche de l’innovation, c’est-à-dire l’amélioration de l’offre de biens, que nous pourrons accéder au développement vert de notre pays. L’innovation technologique, en France, est le fait de l’activité économique qui facilite l’accès de tous les français aux nouvelles technologies.

 

La « décroissance » ne semble pas prendre en compte le besoin d’équipement des ménages, des administrations, des industries, etc. Le développement économique raisonné et l’encouragement aux initiatives individuelles sont deux outils pour atteindre les objectifs environnementaux des accords de Paris.

 

 La sobriété ne doit pas être hermétique au développement économique, tout comme l’économie ne doit plus être un champ abstrait aux causes environnementales. Entre ces deux mondes, nous devons consacrer nos efforts à joindre ces deux objectifs, la seule possibilité d’une réelle « croissance verte ».