Pour un retour au plein emploi, la France doit changer de paradigme

Plus que jamais notre pays est en tension. Cette tension se décline sous plusieurs aspects : sécuritaire, sociale, sociétale et économique. C’est la fin de l’abondance et le retour du réel. Le rideau se lève sur un triste tableau trop longtemps masqué à coup d’argent magique et d’artifices de communication. Notre dette s’approche des 3000 milliards d’euros et représente 120% du PIB. Notre balance commerciale connaît un déficit majeur avec un record de 84,7 milliards pour l’année dernière. Les caisses sociales sont à sec et les Français connaissent une grave crise du pouvoir d’achat. L’inflation fait un retour en force, la croissance est en berne et nous plongeons dans une crise énergétique inédite.

Le déclin de notre pays s’explique aussi par la perte de sens. Pour beaucoup le travail n’a plus de sens, la valeur travail n’en est plus une et le gout de l’effort inconnu. C’est un problème d’une grande gravité qui explique bon nombre de nos maux. Notre système social a fortement dégradé le rapport au travail. Trop généreux, il n’incite plus au travail mais au contraire multiplie les dispositifs alternatifs. Si le régime de l’assurance chômage est évidement nécessaire, il connaît cependant de regrettables dérives. En effet, il crée des situations ou l’inaction peut devenir préférable au travail. Lorsque les revenus d’assistance sont proches du salaire minimum, cela peut-être alors un choix rationnel (la rationalité étant la caractéristique de l’homo economicus) de se détourner du travail. Il est nécessaire de créer une vraie différence entre les revenus du travail et ceux de l’assistance. Ayons le courage politique de le faire. La mise en place de la rupture conventionnelle présente des avantages évidents pour l’employeur et le salarié, cependant elle a renversé un paradigme fondamental : c’est désormais le salarié qui décide de se mettre au chômage. Notre système social encourage ainsi les allers-retours successifs entre le travail et le chômage. Par ce raisonnement nous ne cherchons nullement à pointer du doigt certaines personnes, le système social est le premier responsable puisque qu’il rend possible ces situations.

Autre changement important : il semble désormais que l’ensemble du marché du travail soit en tension. Nous sommes dans une situation où un chômage structurel autour de 7% semble s’être installé. C’est totalement absurde à l’heure où la Banque de France indique que plus de 300.000 emplois sont à pouvoir et que le principal problème des chefs d’entreprises est le recrutement selon le Medef. Il faut un choc de simplification, il faut dénormer un pays qui est encombré, ralenti voir paralysé par l’inflation normative. Arrêtons cette fascination si française pour la complexité ! Simplicité rime avec efficacité, il faut raisonner comme des entrepreneurs. Comment voulez-vous mener des politiques incitatives autour de la création d’entreprises et d’emplois lorsque votre code du travail dépasse les 3000 pages ? Il se limite à 60 pages en Suisse.

Nous ne travaillons pas suffisamment. L’âge de départ à la retraite en France est autour de 62 ans contre 66 ans en moyenne chez nos voisins européens. 35 ans : c’est la durée de vie active en France contre 44,9 ans en Suisse. Nous avons également une moyenne de 114 jours de grève pour 1000 salariés contre 18 en Allemagne (source : Eurostat). La négociation syndicale est en piteux état dans notre pays. Mais tout cela n’a rien d’étonnant lorsqu’on connaît le rapport au travail en France, les 35h n’y sont pas pour rien…

Cependant, si le rapport au travail contribue à la dégradation de la santé économique de notre pays, c’est également par le travail qu’une amélioration nette est envisageable. En effet, si la France augmentait son taux d’activité (actuellement autour de 66%) pour atteindre celui de nos voisins allemands (77%), le paysage économique ne serait alors plus le même. En effet, les caisses sociales seraient à l’équilibre et la question des retraites bien moins épineuse. Tout espoir n’est donc pas perdu ! Il faut redonner le gout de l’effort, la satisfaction du travail bien fait, le sens de la valeur travail. C’est une priorité absolue pour le redressement économique de la France. Alors, au travail !