Il n’y a pas de fatalité au déclassement ! Editorial de Michel Herbillon

Il y a des crises qui sont de puissants révélateurs de nos faiblesses et de nos lacunes. Bien qu’étant encore la 6ème puissance économique du monde, la France semble tomber dans un inexorable déclin faute d’avoir assumé une politique ambitieuse et courageuse. Le risque aujourd’hui est de devoir gérer la pénurie qui s’impose à nous.

Nous vivons une crise profonde qui touche bien des secteurs dans notre pays et qui frappe d’abord les Français les plus modestes. Nous assistons quotidiennement à un Etat qui s’est trop longtemps reposé sur ses acquis au point d’en devenir aujourd’hui impuissant et incapable de faire face aux défis qui s’imposent à nous.

 

Nous restons le champion d’Europe des prélèvements obligatoires alors même que dans le même temps, nos services publics craquent de partout :

- Faute d’enseignants suffisamment formés, nous embauchons à la va vite des contractuels novices pour assurer l’instruction de nos enfants.

- Notre système de santé est au bord de l’asphyxie, les déserts médicaux s’étendent et le tri des patients à l’hôpital est bien une réalité. Nombre de malades n’arrivent plus à se soigner correctement et on déplore un très grand nombre de médicaments en rupture de stock.

- Le nombre de procédures judiciaires bloquées dans les commissariats et gendarmeries ne cesse de s’accroitre.

- On découvre qu’en situation de conflit de haute intensité notre armée n’aurait pas assez de munitions pour tenir plus de quelques jours de combats.

- Dans nombre de secteurs, la pénurie de main-d’œuvre fait tourner l’activité au ralenti. On ne compte plus les trains annulés, les places en crèche fermées, les chantiers retardés… et pourtant notre pays continue d’avoir plus de 5 millions de chômeurs.

 

Et que dire de notre approvisionnement énergétique. Alors que l’hiver approche, notre pays n’a jamais été autant confronté au risque de blackout de son système électrique. Certes, le conflit en Ukraine a accentué les difficultés et fait grimper les tarifs des énergies, mais si nous nous retrouvons dans la situation actuelle de devoir imposer des mesures de sobriété et de restrictions aux Français, c’est parce que nous avons mis à mal notre production nationale d’électricité. Depuis 2012, les gouvernements successifs ont conduit une politique de démantèlement de notre parc nucléaire qui nous assurait jusqu’à présent une énergie décarbonée, compétitive et souveraine. Autant d’avantages qui ont été sabordés, nous obligeant à présent à rouvrir des centrales à charbon ou à importer de l’électricité depuis l’Allemagne. Nous en payons le prix fort aujourd’hui.

 

La sobriété, qu’elle soit pour maitriser notre consommation d’énergie ou pour éviter une surconsommation des ressources, est salutaire.  Elle nous invite aussi à repenser nos pratiques au regard du changement climatique et de la préservation de l’environnement. Mais la sobriété qui se révèle être une restriction subie pour gérer la pénurie ne peut être une politique dans la durée qui soit acceptable par nos concitoyens.

 

A l’heure où les défis à surmonter se multiplient, nous ne devons pas nous résigner au déclassement de notre pays mais au contraire retrouver l’ambition d’un avenir prospère. Il n’y a pas de fatalité. Nous pouvons de nouveau emprunter le chemin de la prospérité, si nous retrouvons l’exigence de la vérité et du courage afin de mener  les réformes nécessaires au redressement de notre pays.

 

Le Général de Gaulle disait que la France ne pouvait être la France sans la grandeur. A l’époque, il avait su donner à notre pays un cap et surtout les moyens de ses ambitions. Ne perdons jamais cet esprit d’audace qui fait que nous pouvons encore obtenir à l’avenir de grandes réussites pour la France.