Changeons de refrain, par Valérie Bazin-Malgras

Le 7 mars dernier, nous apprenions avec effroi la disparition de notre président fondateur et ami Olivier DASSAULT. Artiste, dirigeant économique, homme engagé, il a consacré sa vie à défendre l’esprit d’entreprendre en France et notre industrie tricolore. Il était donc tout naturel que ce numéro de la revue de Génération entreprise – entrepreneurs associés qu’il a fondé lui rende un hommage appuyé. Et quel bel hommage que de choisir d’évoquer au fil de ces pages le thème de la souveraineté économique qui était si cher à ce défenseur inlassable d’une production française de qualité.

Dans ce cadre, je souhaite aborder deux sujets qui interrogent notre souveraineté économique. Le premier concerne la défense de nos terroirs et savoirs-faire qui sont trop souvent victimes de détournements, qu’il s’agisse de contrefaçons ou d’appropriations indues. Le second évoque la nécessité de reconstituer sur notre territoire des filières intégrées à l’abri de toute rupture des chaînes de production.

 

 

Pour commencer je souhaite donc évoquer ce coup de tonnerre qu’a été pour nous la décision des autorités russes d’interdire aux producteurs champenois d’utiliser le nom « Champagne », désormais réservé aux producteurs russes. Nos viticulteurs devront se contenter de l’appellation « vins mousseux » sur le territoire russe et abandonner la dénomination de leur propre région qui fait pourtant la fierté de notre pays.

Cette décision est inacceptable ! Elle nous rappelle la nécessité de mener un important travail, au niveau international, de reconnaissance et de protection des appellations d’origine.

Nous ne pouvons pas tolérer que des producteurs étrangers puissent s’approprier les mérites de notre excellence. En s’accaparant nos appellations, parfois au mépris du droit, ils suscitent le doute dans l’esprit des consommateurs et ternissent l’image de nos productions de qualité en en proposant de fades imitations.

Il est ainsi impératif de nous battre pour protéger notre patrimoine économique et agricole des velléités mercantiles de capter l’aura de nos savoirs-faire par une forme de duperie.

Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir en matière législative et conventionnelle pour parfaire l’information du consommateur sur l’origine exacte des produits qui lui sont proposés à la vente. C’est cet effort que nous devons accomplir. Nos productions font notre fierté, assumons de les défendre !

 

Nous n’en pouvons plus, par ailleurs, de cette crise du Covid-19 qui a si lourdement impacté nos vies. Mais elle aura eu un mérite : révéler la fragilité de nos chaînes de productions du fait de leur sensibilité aux approvisionnements internationaux.

Dans notre économie mondialisée, les chaînes de valeurs relient les quatre coins du globe. De sorte que l’arrêt de la production à l’autre bout du monde aura des conséquences sur nos usines françaises.

Sécuriser les approvisionnements en matières premières ou en pièces détachées représente dès lors un enjeu de souveraineté économique.

J’ai en tête l’exemple de la production de vélos électriques. Avec le Club des villes et territoires cyclables dont je suis co-présidente des élus nationaux, nous avions visité l’usine de Cycleurope à Romilly-sur-Seine dans l’Aube. A cette occasion, nous avions pu constater la dépendance de la production à la fourniture de pièces détachées importées de l’étranger.

En cas de nouveaux tarifs douaniers, d’imposition de quotas ou toute autre restriction sur ces flux, c’est tout l’équilibre de l’activité de l’entreprise qui pourrait être remis en question.

Ce qui est vrai pour la production de vélos électriques l’est également pour les automobiles ou tout autre bien. Je ne m’étendrai pas sur la crise subie par certains secteurs du fait de la pénurie de semi-conducteurs.

Cela doit nous inciter à structurer de véritables filières sur notre territoire capables d’assurer la continuité stratégique de nos chaînes de production.

C’est à l’Etat de soutenir l’édification de telles filières intégrées capables de faire face aux vents mauvais qui balaient parfois l’économie mondialisée.

Il nous appartient à tous de renforcer la souveraineté de notre économie.