Soutenir localement réagir nationalement, anticiper la relance par Sophie Primas

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Comme dans toute l’Ile-de-France, les Yvelines ont connu une montée très forte des cas de

Covid-19 lors des premières semaines de confinement et des situations très tendues à la fois d’équipements de protection pour les soignants mais aussi de disponibilité de lits, de matériel et de produits d’anesthésie en réanimation.

A la mi-mai, le département comptait 455 décès à l’hôpital, liés à l’épidémie, 458 décès en établissements médico sociaux, essentiellement dans les EHPAD. Sénatrice des Yvelines,

Sophie Primas nous explique comment elle a vécu la crise dans son territoire et à la présidence de la prestigieuse commission des affaires économiques.

La France a été durement frappée par le Covid-19. Comment les entreprises de votre département ont-elles réagi ? Certaines ont-elles fait preuve de résilience ?

En avril, seulement 40% des entreprises du département ont pu poursuivre leur activité, pour la plupart de manière extrê- mement réduite. S’ajoutent naturellement les craintes liées au manque d’EPI et aux questionnements autour de la responsabilité des chefs d’entreprises pour assurer pleinement la santé et la sécurité au travail.

Beaucoup d’entreprises ont néanmoins fait preuve de résilience et d’une adapta- tion impressionnante y compris pendant la période de confinement : à la fois de grandes entreprises de type Airbus pour laquelle la préparation du lanceur Ariane 6 ne peut souffrir de retard ou les PME et TPE qui ont réorganisé leurs chaînes de production pour permettre la continuité de leurs activités, voire même leur transformation.

Je pense à deux entreprises de ma commune : la société « Escarius », spécialiste du matériel médical et qui a créé une chaine de production de masques en quelques jours ou la société de restauration collective « Ekilibre », qui a transformé sa production et ses chaines de livraisons pour passer de la restauration scolaire à la livraison de repas pour les associations.

Quelles actions avez-vous mené sur votre territoire ?

Notre mission de parlementaire est triple :

- Assurer la fonction de « pompier facilitateur » en soutenant les démarches des entreprises : éligibilité au fonds de solidarité, saisine pour l’obtention du PGE, course aux habilitations pour les entreprises produisant des Equipements de Protection Individuelle (EPI)...

- Faire le lien entre nos situations « réelles » sur le territoire et les dispositifs nationaux.

- Entamer et faire aboutir des réflexions sur l’après. A cette fin, j’ai réorganisé le travail de la Commission des Affaires économiques du Sénat à travers des « Cellules de veille, de contrôle et d’anti- cipation sectorielle du plan d’urgence ». Chacune d’entre elles est pilotée de manière transpartisane par deux à trois Sénateurs, chargés de récolter les retours du terrain et d’interroger les professionnels du secteur sur les consé- quences économiques de la crise. Nous pourrons ainsi déterminer des solutions adaptées et émettre des propositions propices à la relance de l’activité.

Pendant ce drame, il y a eu beaucoup de peine, d'incertitudes mais aussi des extraordinaires gestes de solidarité... Y-a-t-il un moment qui vous a particulièrement marqué ?

Beaucoup de gestes de solidarité et d’initiatives lancées pour épauler les plus fragiles d’entre nous, notamment nos aînés, m’ont marquée. Je tiens tout particulièrement à saluer la mise en place par un consor- tium réunissant PSA, Air Liquide, Valeo et Schneider Electric afin de fournir aux hôpi- taux près de 10 000 respirateurs médicaux en un temps record. Le groupe PSA a ainsi, en pleine crise, repensé son site de Poissy pour y créer un atelier spécifique dédié à cette production. 50 salariés volontaires se sont engagés dans ce projet.

Et maintenant ? Avez-vous des propositions pour la reprise économique ?

Après le nécessaire soutien à la trésorerie des entreprises, la reprise doit désormais passer par une politique offensive de l’offre et de la demande.

Clairement un plan ambitieux d’investissement européen et national devra être mis en œuvre en ciblant les secteurs d’activités stratégiques, assurant notre souveraineté, la transformation de l’économie dans l’optique des accords de Paris.

Par ailleurs, nous appelons à privilégier un renforcement des fonds propres des PME et ETI plutôt qu’accroître leur endettement (prêts participatifs ou des obligations convertibles). Les Régions pourraient avoir un rôle en ce sens car elles ont la surface financière et la proximité économique, y compris pour la formation professionnelle.

La numérisation et la robotisation de l’indus- trie doivent être clairement accélérées pour des raisons de compétitivité, mais aussi pour ses capacités à créer davantage de valeur ajoutée. Je refuse de faire une croix définitive sur la production de produits à faible valeur ajoutée ! Une réflexion est nécessaire notamment sur les produits « stratégiques ». L’exemple des masques ou de certains médicaments l’a brutalement illustré.