Dans l'épreuve, les Français ont besoin de vérité et de transparence par Eric Ciotti

Mobilisé sur les dossiers liés à la sécurité, Eric Ciotti est aussi un membre influent de l’Assemblée nationale. Questeur du Palais Bourbon, le Député des Alpes-Maritimes a été nommé pendant l’épidémie à la vice-présidence de la mission d’information extraordinaire sur l’impact, la gestion et

les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Covid-19. Fin mai, il a obtenu qu’elle soit transformée en commission d’enquête.

Ses travaux dureront six mois.

Dans le cadre de l’urgence sanitaire, économique et sociale de la pandémie de Covid-19, l’Assemblée nationale a mis en place dès le 31 mars une mission d’information extraordinaire sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de Covid-19.

Son objectif était double : comprendre comment nous avons pu en arriver là et contrôler les décisions de l’exécutif pendant cette période extraordinaire.

Je ne peux malheureusement qu’exprimer un sentiment de frustration face à une ini- tiative indispensable mais rendue presque anecdotique par la majorité et le gouverne- ment. En refusant de jouer pleinement le jeu des auditions et en s’abritant derrière la langue de bois, ils n’ont pas permis de faire la lumière sur ce qui s’apparente à la pire crise de notre histoire contemporaine.

Cette mission s’est heureusement transfor- mée en commission d’enquête. Le temps des questions et des responsabilités est venu. Les Français attendent légitimement ce moment de vérité et de transparence.

Il est primordial de tirer un premier bilan de cette crise sanitaire inédite qui a frappé la planète et n’a, hélas, pas vu la France épargnée. En effet, notre pays compte parmi les nations les plus touchées.

L’électrochoc de la propagation du virus au début du mois de mars s’est accompagné d’une stupeur généralisée face au manque de tests, de masques de protections, d’équipement médical et de respirateurs. Les faiblesses mises à nu de notre système de santé, que nous considérions unanimement comme « le meilleur au monde », ont été vécues comme une humiliation par des millions de Français.

Ce lieu commun n’aura pas résisté à la réalité et a amené citoyens, chefs d’en- treprises, associations, syndicats, élus et partis politiques à demander des réponses face à ce fiasco et à exiger des solutions. La France toute entière veut comprendre les raisons de cette étrange défaite face au virus et se demande légitimement : où va l’argent public pour la santé ? Pourquoi sommes-nous si désarmés ? Comment en sommes-nous arrivés là ?

Quel aveu d’échec pour notre pays qui dépense 3 points de PIB en plus que la moyenne des pays de l’OCDE pour sa santé mais figure parmi les pays qui payent le plus mal leurs soignants.

La défaillance de notre système de santé est béante, le pays champion du monde de la dépense publique s’avère être l’un des plus mauvais élèves d’Europe face à cette crise. L’abondance d’argent public n’a pas été une réponse suffisante pour se préserver du virus, à dépenses équiva- lentes l’Allemagne compte cinq fois moins de morts que la France.

Oui, notre pays ne s’est pas montré à la hauteur au début de cette pandémie. Mais attention aux chimères agitées par les spécialistes du grand soir qui par facilité et par idéologie s’en prennent aux entreprises.

N’oublions pas que le fiasco national du Covid-19 est avant tout celui d’un État asphyxié par la bureaucratie. C’est une administration tentaculaire incapable d’agilité et de prévoyance qui a exposé les Français. En face, les entreprises et les collectivités locales ont fait preuve de réactivité et de générosité à toute épreuve. Sachons en tirer toutes les leçons !

En commençant justement par faire confiance aux entreprises et aux collecti- vités, en baissant la fiscalité sur le travail et la production. Sans une baisse d’impôts notre pays sera incapable de gagner en productivité et de rapatrier des secteurs industriels stratégiques aujourd’hui entre les mains hostiles de la Chine.

Nous devrons nous réapproprier une part importante de notre outil industriel, notamment l’industrie du médicament, et mettre enfin en place une véritable politique industrielle.

L’entreprise sera, j’en suis sûr, le centre névralgique du monde de demain. L’État obèse, bureaucratique, sur administré devra totalement se réformer. Dans la compétition internationale notre nation et l’Europe ont besoin de souplesse, d’adaptabilité et surtout d’efficacité. Puisse notre pays emprunter ce chemin, celui de la responsabilité, d'un État allégé et agile qui fera confiance à la société civile et aux entreprises.

C’est la seule voie qui garantisse un sur- saut français devenu indispensable. À la différence du lendemain de la Seconde guerre mondiale, ce n’est plus aujourd’hui à l’État seul de piloter la reconstruction mais à tous les Français de participer à cette aventure collective.