Santé et bien-être au travail : l'affaire de tous ! par Bernard Perrut

Bernard Perrut est député du Rhône depuis 1997. Il a été premier adjoint puis maire de Villefranche-sur- Saône de 2008 à 2017, mais aussi conseiller régional Rhône-Alpes et président de la commu- nauté d’agglomération Villefranche-Beaujolais.
Sa formation universitaire, ses expériences dans l’ad- ministration puis comme avocat, et ses mandats élec- tifs l’ont conduit à s’engager pour le développement économique, la vie des entreprises, l’aménagement du territoire, l’agriculture, l’insertion, le handicap, le travail et la santé...

Il a présidé le Conseil National des Missions Locales pour la formation et l’emploi des jeunes, et est désormais très impliqué dans la mise en place d’un Groupement Hospitalier de Territoire en tant que pré- sident du conseil de surveil- lance du centre hospitalier Nord-Ouest. Comme maire de Villefranche, dynamique ville moyenne proche de la Métropole de Lyon, connue pour sa gestion rigoureuse et sa maîtrise des dépenses de fonctionnement, il a tou- jours privilégié les investissements afin de soutenir les entreprises et l’emploi.

Membre du Bureau de l’Assemblée nationale de 2002 à 2017, il est actuel- lement vice-président de la commission des affaires sociales, et siège au sein de la Délégation des collectivités territoriales et de la décentralisation. 

 

En matière de prévention faut-il parler de santé au travail ou bien-être au travail ?
On remarque qu’il y a un glissement sémantique intéressant, il y a quelques années encore nous parlions uniquement de santé au travail, aujourd’hui le sujet central est le bien-être. L’Organisation mondiale de la santé définit le bien-être au travail comme un état d’esprit dyna- mique caractérisée par une harmonie satisfaisante entre les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, d’une part, les contraintes et possibilité sur le lieu de travail d’autre part. Etudes après études, on constate que plus un employé se sent bien au travail, plus il est efficace. Les entreprises ont compris cela et elles investissent dans la prévention.

Qu’en est-il alors des enjeux liés aux nouveaux modes de travail ?
Comme dans toute évolution il y a du bon et du moins bon. La numérisation du travail peut poser des problèmes de déconnexion. En effet, nos courriels sont accessibles par- tout, tout le temps grâce à nos smartphones. Plusieurs milliers d’employés ne peuvent s’empêcher de les regarder le soir, le week- end ou pendant leurs vacances. Pourtant il faut assurer aux employés une période de repos nécessaire pour que la qualité de leur vie n’en pâtisse pas. D’un autre côté, plu- sieurs entreprises proposent à leurs sala- riés de faire du télé-travail. Grâce au gain de temps du trajet, les salariés peuvent tra- vailler davantage, prendre plus de temps pour leur vie privée et pour faire du sport. Ce qui est bénéfique aussi bien pour les salariés que pour les entreprises. On entend parler aujourd’hui de nouvelles formes de pathologie comme le burn-out ou le bore- out, le fait que ces concepts prennent de plus en plus de place est le signe d’une évolution, la quête de sens dans son travail est maintenant une priorité.

La prévention santé a donc définitivement été remplacée par le bien-être au travail ?
Ce sont deux sujets connexes mais diffé- rents. Les entreprises continuent de tra- vailler avec les assurances et les syndicats sur la prévention des risques au travail, par exemple, sur les troubles musculo-squelet- tiques ou les risques psycho-sociaux. Mais les besoins de prévention ne sont plus les mêmes, au-delà de la prévention des acci- dents, les employeurs doivent intervenir sur une prévention visant des expositions professionnelles plus subtiles. Dans cer- tains cas Les grands classiques de la pré- vention ne suffisent plus, et les actions de prévention montrent leurs limites. La prévention d’aujourd’hui n’est plus seulement verticale, elle passe par une implication opérationnelle des collaborateurs.

On parle beaucoup des salariés mais que faut-il penser de la pré- vention chez les indépendants ? On estime que les travailleurs indépendants sont plus de 3 millions aujourd’hui en France et leur profil a beaucoup changé. Les indépendants « traditionnels » que sont es exploitants agricoles, les commerçants, les professions libérales etc. sont déjà bien organisés autour d’une communauté pro- fessionnelle et leurs risques ont déjà été en partie mutualisés. En revanche, il existe un véritable défaut de protection concernant les travailleurs de plateforme tels que certains chauffeurs ou livreurs, et ce alors qu’ils font partie des plus exposés au risque. Les seules solutions qui existent actuellement viennent du privé et elles sont souvent trop chères pour le niveau moyen des revenus des auto-entrepreneurs. L’enjeu sera de structurer un dialogue social afin de trouver des solutions sociales adaptées à la spéci- ficité de leur situation. Le travail du législa- teur peut être de mettre les assureurs, la sécurité sociale, les complémentaires santé et les autres acteurs autour d’une table pour organiser des solutions de prévention pour ces nouvelles formes d’emploi.