Que de temps perdu ! par Michel Herbillon

Alors que s’engage la seconde moitié du quinquennat, beaucoup de temps a été perdu dans la conduite du redressement de notre économie. Dans le même temps, les alertes se multiplient sur la situation des différentes économies mondiales.Alors que s’engage la seconde moitié du quinquennat, beaucoup de temps a été perdu dans la conduite du redressement de notre économie. Dans le même temps, les alertes se multiplient sur la situation des différentes économies mondiales.

d’accélérer les réformes face à la dégradation de la conjoncture économique en France. Aujourd’hui, ce ralentissement économique s’avère une réalité et nombres d’experts s’alarment d’une crise encore plus profonde qui pourrait frapper l’économie mondiale. Ainsi, selon les dernières prévisions du FMI, la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 3 % en 2019, soit son rythme le plus faible depuis la crise financière de 2008. Même si l’économie française résiste aujourd’hui grâce à ses stabilisateurs économiques et à une politique soutenue de la demande, notre pays n’est évidemment pas épargné. Les prévisions de croissance pour cette année et pour l’année prochaine ont de nouveau été revues à la baisse.

La résistance de notre économie est conjoncturelle et a surtout un coût important. Les 17 Milliards d’euros de mesures nouvelles annoncées par le Président de la République et le Gouvernement pour apaiser la colère sociale à la suite du mouvement des « Gilets jaunes » seront financés en totalité par le déficit et l’endettement. Cette situation prépare des lendemains qui déchantent car chacun mesure que gager la baisse des impôts sur la hausse de la dette n’est pas une politique tenable. D’autant que notre endettement atteint déjà des limites préoccupantes, près de 100 % du PIB, et que l’an prochain, la France aura le deuxième déficit budgétaire le plus important de la zone euro.

Par ailleurs, le Gouvernement commet une erreur en renonçant à sa politique de l’offre menée pour redonner des marges à nos entre- prises (transformation du CICE, décalage de la baisse de l’Impôt sur les sociétés). Une politique qui avait enfin été initiée et qui aurait dû être poursuivie avec constance dans la durée car comme l’a encore récemment souligné l’OCDE, les entreprises françaises demeurent les plus taxées au monde.

Le Gouvernement aurait pu éviter ces renoncements en se donnant des marges de manœuvre avec des baisses de dépenses publiques et des réformes de fond. Deux exemples l’illustrent :

1) Les économies budgétaires promises n’ont pas été réalisées. Ainsi, l’objectif de réduire de 50 000 postes la fonction publique d’Etat a été abandonnée. En 2020, seuls 47 postes seront suppri- més. Pourtant les économies sur les dépenses de fonctionnement sont indispensables si nous voulons investir et baisser le poids des impôts.

2) Depuis le début du quinquennat des transformations en profon- deur auraient dû être lancées pour moderniser notre économie, réduire le poids de la technostructure administrative ou pour pérenniser un système de solidarité juste et efficace. Certes, cer- taines mesures - comme la réforme du code du travail par exemple – sont positives mais elles demeurent très insuffisantes. L’exemple de la réforme des retraites est flagrant. En Mai 2018, une concerta- tion avec les partenaires sociaux et une consultation citoyenne sont lancées pendant plus d’un an. A peine le rapport Delevoye est-il présenté en Juillet 2019 que le Gouvernement relance une nouvelle phase de concertation qui devrait durer de nombreux mois, pour une réforme des retraites qui de surcroit ne devrait pas s’appliquer avant... 2026.

Et pourtant les défis à relever ne manquent pas. La priorité aujourd’hui devrait être de réduire la dépense publique pour finan- cer la réindustrialisation de notre pays. Notre régression indus- trielle est la véritable raison de notre affaiblissement économique et social. En 30 ans, la part de l’industrie dans notre PIB a été divisée par deux avec comme conséquence une destruction des tissus éco- nomiques locaux dramatique pour nos territoires et leurs habitants, une détérioration de notre balance commerciale et une perte de ressources pour l’Etat. Moins d’industrie, c’est moins de croissance, moins d’emplois et moins de pouvoir d’achat. Pour relancer notre industrie il faut baisser massivement les impôts de production, ce qui est le meilleur moyen de relancer l’activité, et faciliter le déve- loppement des entreprises. Notre groupe « Génération Entreprise – Entrepreneurs Associés » a par exemple formulé une proposi- tion simple : que toutes les startup innovantes qui commencent à gagner de l’argent ne soient pas bloquées dans leur développe- ment grâce à une exonération totale de l’impôt sur les sociétés dès leur naissance et jusqu’à leur troisième année.

Le temps est désormais compté pour engager enfin les réformes de fond dont notre pays a besoin.